Jour 1 : Georgetown (Exumas) – Salt Pond (Long Island)
Jeudi 16 janvier, c’est un départ de Georgetown. Le Cold Front est passé durant la nuit, au matin, il vente fort! Mais il vente du nord, alors c’est bon, à 8h30 nous sommes partis! Le temps de sortir de Georgetown, le vent faibli un peu, le ris qu’on avait pris (pour réduire la grand-voile) devient déjà inutile, mais on le larguera plus tard. Dans la passe vers la mer, la mer est très grosse. Wow! C’est la première fois qu’on voit des vagues de la sorte! 6 à 10 pieds, c’est de la vague! Elles viennent même à bout de notre Julien-jamais-malade qui, comme à son habitude, était resté à l’intérieur. Beeepppp, mauvaise idée! À l’avenir, Julien sortira lui-aussi dehors quand ça brasse!
Mais nous qui pensions une belle navigation au portant, vent dans le dos, on se retrouve plutôt dans une mer bien formée avec un vent qui tombe complètement. Alors on se fait brasser mais comme le vent est tombé, la mer se calme rapidement. Heureusement, il est de retour à midi pour nous permettre une belle navigation à voile jusqu’à Salt Pond. Nous sommes à Long Island. Au revoir Exumas!
- Distance parcourue : 40 miles
- Durée : 6h30
- Pêche : 1 barracuda qu’on rejette à l’eau… et on se fait casser notre ligne de cane à pêche. On perd notre beau Williamson… Ca devait être gros.
Salt Pond
Jour 2 : Salt Pond (Long Island) – South Point (Long Island)
Vendredi 17 janvier : Bonne fête Benjy (c’est le frère de Catherine), on pense à toi!!! Finalement on décide de ne pas descendre à terre pour visiter Salt Pond. Dommage, ça aurait été intéressant, mais le vent est bon pour poursuivre (du Nord-Est) et le ciel est gris, aller à terre devient du coup moins tentant. Et, heureusement que nous sommes partis! Quelle journée de voile incroyable! Jamais nous n’avons flyé comme ça! Toute la journée à voile! Notre trajet nous fait d’abord revenir vers les Exumas en première moitié de journée de manière à contourner une longue et large bande de sable à fleur d’eau. Nous filons sur une mer plate à 6,8 nœuds de moyenne! Puis en après-midi, on vire à près de 180 degré pour retourner vers Long Island (on contourne encore une fois une autre bande de sable!) et là, c’est à une vitesse ahurissante que nous parcourons la distance jusqu’à South Point : 7,7 nœuds de moyenne! Nous avons navigué entre 7,5 et 8,3 nœuds pendant plus de 4h, avec un vent du NE d’une quinzaine de nœuds, quelle exploit!
Côté pêche, un premier barracuda en avant-midi et un deuxième, juste avant d’arriver à South Point, un énorme! Tous deux retournent à l’eau. Mais on se fait aussi couper nos deux yo-yo, les lignes que nous trainons derrière le bateau en navigation. Les deux en même temps! C’était soit un couple de belles dorades, soit un requin scie qui passait dans le coin! On perd ainsi notre dernier Williamson, on est un peu triste. Suite à ça, on équipe nos ligne de leader en acier pour éviter de se faire couper à nouveau.
On jette l’ancre au sud complètement de Long Island, à South Point, à 16h30. On est protégé du vent, mais la houle contourne la pointe… on roulera toute la nuit.
- Distance parcourue : 75 miles
- Durée : 10h00
- Pêche : 2 barracudas et 2 leurres en moins.
Jour 3 : South Point (Long Island) – Castle Island (Crooked Island)
Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. Nous nous levons au matin du 18 janvier fatigués par une nuit à rouler. Nous avons bien tenté la technique du crabe, qui consiste à faire pointer le nez du bateau vers la houle plutôt que vers le vent, mais la houle et les vagues du vent ne sont pas dans le même sens, donc on roule quand même. C’est donc passablement fatigué que nous entamons cette troisième journée. Et le ciel est complètement bouché, une fine pluie tombe et tombera en continue toute la journée. C’est la première fois que nous rencontrons un temps pareil de pluie aux Bahamas, habituellement, la pluie n’est l’histoire que d’un nuage.
Nous avons hésité à lever l’ancre ce matin car il n’y a pas de vent et la météo ne nous en annonce pas non plus. Mais le roulis nous convainc de partir. Départ à 8h40 sous la pluie, nous débutons à moteur, puis le vent se lève vers 10h15 à 15-17 nœuds, on met un ris dans la grand-voile et ouvrons le génois à plein, on file bien au largue. Mais les vagues sont confuses et la pluie tombe toujours. Catherine ne peut rester dehors à cause de la pluie et s’abrite plutôt à l’intérieur avec les enfants, couchée avec Léa, Julien lui va bien. Il passera la journée à jouer à la DS. Il passera une très belle journée, selon ses dires! Catherine et Léa passeront la journée couchées, à endurer la mer qui bouscule Oséo. Et Ronald, lui, passera la journée à veiller à l’extérieur, à la pluie, à ajuster les voiles, à rentrer le génois qui est déventé par la grand-voile, à le ressortir quand ça le peut, à veiller les cargos que nous rencontrons (5 dans la journée), à se faire bousculer, lui-aussi, par la mer. Les vagues du vent du nord-ouest semblent rencontrer la houle du nord-est et le tout n’est pas du tout agréable. Chapeau à notre capitaine, encore une fois. Sans lui, on n’irait pas si loin…
Pluie pluie pluie
Vers 16h30, le mouillage de Salina Point est en vue, mais il n’est pas du tout protégé des vagues qui rentrent du nord-ouest. On prévoyait du nord-est. Découragés et épuisés, nous tentons de contourner l’île de Castle Island en espérant y trouver refuge au Sud. Si ça ne marche pas, il faudra continuer notre route, de nuit, jusqu’à notre prochain arrêt : Great Inagua, 84 miles plus loin… inutile de dire qu’on ne le souhaite pas, nous sommes épuisés par cette journée.
La carte n’indique aucun mouillage sur Caste Island, mais on trouve tout de même refuge derrière l’île, derrière les patates de corail. Ça roule, mais ça fera l’affaire pour la nuit, on peut se reposer l’esprit, même si le corps roule encore. Au moins, on est dans notre lit! Pas de souper, pas beaucoup de diner non plus. C’est dur la mer!
- Distance parcourue : Autour de 60 miles, nous n’avons pas pris le compte en arrivant.
- Durée : 9h00
- Pêche : Rien du tout, pas même une touche.
Jour 4 : Castle Ilsand (Crooked Islands) – Navigation de nuit
Dimanche 19 janvier, on se lève somme toute reposé. Nous avons réussi à dormir malgré le roulis. On réinstalle l’ancre en crabe car on voit bien d’où vient la houle ce matin et ça calme le roulis. On déjeune en grand : œufs et rôtis, ça fait du bien!
On décide de ne pas partir tout de suite, nous avons encore besoin de repos avant la prochaine étape et il faut préparer un peu de bouffe pour la navigation, salade de pâte, ce sera parfait!
Devant nous se trouve Castle Island, avec son beau phare blanc (qui ne marche, pas soit dit en passant!) et ses promesses d’explorations. Devant nous se trouvent aussi plein de patates de corail avec personne autour pour y cueillir ses langoustes… Mais non, finalement, nous n’irons pas ni à l’un ni à l’autre. Mettre Train Train à l’eau et le moteur et resécuriser le tout après, c’est du travail. Nous préférons nous épargner un peu. On décide donc de rester sagement à bord et de continuer à récupérer. Il y a enfin un peu de soleil, ça fait du bien.
Nous décidons de repartir en après-midi pour une arrivée de nuit à Great Inagua, nous profiterons ainsi un peu du soleil et l’arrivée sera facile à destination pour s’ancrer, même de nuit. Départ à 14h25 dans un vent du nord d’une dizaine de nœuds qui fraichira à plus de 20 nœuds. La mer se forme, mais ça reste confortable. Encore la pluie qui nous mouille. Ça devient franchement désagréable cette pluie qui ne nous lâche pas. On ne peut alors plus faire nos quarts à l’extérieur, on mouille tout l’intérieur…
Mais nous arrivons finalement à destination, Matthew Town sur l’ile de Great Inagua, à 2h50 le lundi 20 janvier. Dodo!
Distance parcourue : 79 miles
Durée : 12h30
Pêche : Rien de rien 🙁
Jour 5 : La fête de Ronald à Matthew Town! (Great Inagua)
Bonne fête mon capitaine chéri!!! Et oui, lundi 20 janvier, c’est la fête de Ronald. Mais pauvre lui, ça aura sans aucun doute été sa pire fête de toute sa vie… On a bien fait pour lui de jolis cartes pendant qu’il dormait, et aussi un gâteau-carrés-Rice-Krispies, si bien qu’on a pu lui chanter son bonne fête et bien commencer la journée.
Mais… Matthew Town, ce n’était pas le paradis cette journée là. Gris, noir le ciel, et le mouillage, le pire jusqu’à maintenant. On essaie d’aller en ville pour se ravitailler en diesel et en fruits et légumes, la mer est très agité mais surtout, la passe pour entrer dans le bassin de Matthew Town est très étroite et la mer a envie de s’y engouffrer. Si ça se produit, on sait qu’on n’arrivera plus à en sortir une fois entré, même en dinghy. Mais on tient à repartir les réservoirs diesel bien plein alors on désancre Oséo, on se réancre plus près de l’entrée du bassin, on met Train Train à l’eau et on y va. À l’intérieur, le mailboat prend toute la place, on a peine à trouver un coin pour accoster Train Train. Quelqu’un de la place nous donne un coup de main et nous amène en ville pour le diesel l’épicerie… qui est malheureusement vide de frais. Le bateau est à quai, le frais sera prêt demain. On repart donc les mains vides, pas de bouffes… On se dépêche à retourner à Train Train avant que le grain arrive, on retourne à Oséo, on se désancre à nouveau et on retourne à notre premier ancrage qui, bien que rouleur, est mieux que là où nous sommes… Quelle journée de m…… Et on roulera encore cette nuit…
Voyez Train Train dans le bassin à côté du bateau. La photo est du lendemain, le temps était plus calme. Et voyez aussi le bateau coulé en plein milieu du bassin…
Jour 6 : Matthew Town (Great Inagua) et le grand départ
Nos prières portent fruit, le vent s’est calmé et le soleil semble vouloir nous sourire aujourd’hui. Enfin! On revit! On retourne en ville aujourd’hui pour reprendre notre rendez-vous avec l’épicerie, et aussi le resto qu’on devait aller hier! La ville nous apparait bien plus sympatique aujourd’hui, avec le soleil et moins de stress. Mais ce n’est quand même pas la destination du siècle. Une ville ouvrière où l’activité économique centrale est l’usine de sel. Le reste des emplois vont au gouvernement et au parc national. Parait qu’il y a des milliers de flamants roses, nous ne les verrons malheureusement pas.
Matthew Town!
On se fait embarquer jusqu’en ville!
On fait l’épicerie, on se trouve du poisson pour regarnir notre petit congélo, on mange un drôle de burger dans un bar, ah et aussi on trouve de l’internet en ville pour prendre notre météo!
Resto dans le bar
L’internet en plein air!
Puis, de retour à Oséo, on se prépare pour la grande étape finale : 227 miles en mer. Départ à 17h00.
Jour 7 et 8 : en mer et arrivée à l’Ile à Vache, Haïti
Nous sommes parti de Matthew Town à 17 heure le 21 janvier et sommes arrivée à l’Ile à Vache vers 9h30 le 23 janvier. Près de 30 heures en mer. Mais vraiment, cette dernière navigation fut la plus agréable et moins fatiguantes que toutes les autres mises ensemble. Ce qui nous a réellement tué dans ce long périple ne fut finalement pas tant les navigations que nos mouillages bumpy. Nous n’avons pas réussit à récupérer durant les nuits. Tous nos mouillages étaient merdiques (désolé du mot, mais ils n’en étaient rien de moins!). Il n’y a nulle part sur le parcours de petites baies abritées, seulement l’île entière pour nous protéger, mais la houle entre toujours quand se n’est pas carrément la vague du vent.
Alors en mer vers Haïti, nous sommes partis dans peu de vent, une mer calme, nous avons alterné entre la voile et le moteur, nous ne nous sommes pas fait brasser comme les navigations précédentes, nous avons même plutôt dormis pas si mal. Et nous sommes arrivée à Haïti, sous un soleil magnifique, nous sommes entrée dans la baie de Ferret, et nous y étions. Bienvenu à Haïti, à première vue, un semblant de paradis…
Distance parcourue : 232 miles
Durée : 29h
Pêche : Devinez??? Et non, encore rien.
Haïti en vue