Nous mangeons des miles… Depuis que nous avons quitté la Caroline du Sud, nous avançons sans relâche. Nous sommes maintenant en Caroline du Nord et celle-ci nous rappelle bien que nous allons au Nord. Il a fait froid et cru pour notre arrivée, après notre long et pas si facile passage en mer. C’est la faute au vent du nord. Mais en plus, plus de trace de la végétation du sud, les arbres ici sont des grands pins ou des feuillus, on ne voit plus de palmiers. On ne peut plus s’amuser à notre petit jeu qui consiste à s’imaginer vivre ici. Et non, fini les cocotiers, fini l’air du sud, la mousse dans les arbres, le parfum tropical. Nous voilà de retour dans les forêts et les rivières. La Caroline du Nord, c’est le Nord!
Mais avant le Nord, permettez nos dernières images du Sud, douce Caroline du Sud… Avant de prendre la mer, le petit matin, zéro nœud de vent dans ce décor mystique. C’est tellement beau! Nos yeux cherchent les alligators, nous en trouverons cinq!
En mer le décor sera tout autre. Le vent se lève heureusement pour nos voiles, mais le brouillard tombe. Et le vent sera trop arrière, les vagues trop travers, notre navigation d’une trentaine d’heure sera éprouvante et ce sont les corps et les esprits un peu croches et très fatigués que nous arriverons à Morehead pour s’y reposer le temps d’une nuit. Dès le lendemain nous larguons à nouveau les amarres pour se rendre à Oriental que nous n’avions pas visité. Un petit village gentil où nous y avons le quai gratuit alors on y passe deux nuits, le temps de faire les courses, lavage et d’y retrouver Rêve d’Océan le temps d’une journée, car nos chemins se quittent à nouveau.
Eux continuent la route de l’Intracostal, nous, décidons un petit crochet par les Outer Banks de la Caroline du Nord. Non loin d’ici se trouve la fameux Cap Hatteras, il sied sur une mince bande de terre qui forme un long croissant avant la mer dure de ce cap tant redouté des marins. Le mythique Cap Hatteras! Plus de 800 vaisseaux ont été coulés à ses abords. Les tempêtes, féroces et dangereuses, mais aussi la guerre et les sous-marins allemands ont fait frémir et périr des centaines d’équipages et de navires. À ce mythe s’ajoute aussi la beauté des plages qu’on dit être les plus belles de la côte est et notre besoin de goûter encore un peu ce goût du voyage et de la découverte, notre envie de mer, de plage et d’endroits nouveaux. Nous mettons donc le cap sur Ocracoke, Outer Banks, Caroline du Nord !
Ocracoke n’est accessible que par bateau, aucun pont, qu’une bande de terre séparée de l’île d’Hatteras par un mince Inlet dangereux. Sur l’île, le village vit à son propre rythme, le rythme des îles qui sont loin de la cohue des continents. Notre détour par Ocracoke nous fait un bien immense. Pour notre plus grand bonheur, le soleil brille et la chaleur s’installe même! Le mouillage au centre du Silver Lake est tranquille et beau et nous sentons le rythme paisible du village nous emporter malgré la passagère folie qui règne à notre arrivée dû au tournoi de pêche.
À terre, on commence par se rendre au Visitor Center du Cap Hatteras National Park où les enfants obtiendront un nouveau badge de Junior Ranger après avoir complété, tout en anglais, leur livret d’activité qui nous en apprend beaucoup sur la région!
Au village, le magasin général nous enchante! La musique Beach Boys en fond, un mélange hétéroclite d’objets nouveaux et anciens, de légumes bio, le plaisir des petits soldats verts antiques et de la cavalerie que les enfants découvrent, le commis trop gentil avec son air de surfer qui remet en cachette à Léa et Julien les petits personnages parce qu’il trouve notre voyage trop cool, à leur grand bonheur! Nous n’avons qu’une hâte, louer nos vélos le lendemain et rouler vers les plages, le phare et les sentiers sauvages!
À vos vélos!!! Ils ne sont pas neufs, mais ce qu’ils roulent bien! On se sent Amélie Poulin les cheveux au vent et l’air doux sur le visage! Qu’il est bon de se balader ainsi à vélo, tous adorons!
On roule du grand phare blanc de Ocracoke aux sentiers du bout de l’île dans les marais. Les pêcheurs y trouvent poissons et huitres dans ces fonds vaseux.
Et nous roulons et roulons encore pour le simple plaisir de rouler! Puis nous nous dirigeons vers les longues plages infinies et sauvages. Elles sont superbes, encore plus belles parce que nous en avons tellement envie, voire besoin! Malgré l’eau disons plutôt froide (!), on finit par se laisser emporter par le plaisir des vagues!
Notre journée parfaite se termine à la petite terrasse du Dajio entouré de ces merveilleuses petites fleurs blanches, le Confederate Jasmin, les mêmes qu’il y avait à Charleston et qui sentaient si bons. Un bon verre bien frais, avec un spécial sur les crevettes, ce seront les meilleures crevettes que nous n’aurons jamais mangé! Juteuses à souhait, cuites à la vapeur avec un petit jus tout simplement délicieux, à 6,25$ pour une demi-livre, nous en recommanderons par trois fois! Quel délice qui termine trop bien cette petite virée dans les Outer Banks!
…concentration à décortiquer ces délicieuses crevettes!
Et voilà… De retour vers notre Intracostal. Nous ne pourrons aller ni sur l’île d’Hatteras, ni sur Roanoke pour voir la petite ville de Manteo qu’on dit charmante car les Outer Banks sont bien gardés : d’un côté la mer féroce, de l’autre, des étendues d’eau très peu profonde où nous ne nous risquerons pas. Nous reprenons donc notre orgie de miles, lentement vers notre prochain État, la Virginie.
Heureusement, le soleil reste et nous jouissons d’une chaleur estivale bien agréable! Sous le soleil d’Ocracoke, nous quittons au matin dès 6h45 dans le Pamlico Sound pour se rendre à la Pungo River que nous remontons, dépassons Belhaven, parcourons le long canal menant à Aligator River et finalement y jetons l’ancre à 18h45. 12 heures, 71 miles, ouf!
L’eau… brune! Mais, eureka, elle est douce! Chacun s’occupe pendant ces longues journées. Les enfants ressortent la chaise hamac, chacun lit, Catherine est à ses guides et cartes et Ronald tient le cap. Mais sous le soleil, c’est toujours mieux!
Et ce que nous trouvons dans le canal vers Aligator River, ce n’est pas des aligators, mais bien de nombreux jolis cerfs!