Pourquoi s’arrêter à Haïti? Qu’elle idée de s’arrêter dans ce pays? Le portrait que nous en dépeint les médias est pourtant souvent bien sombre. Catastrophe, pauvreté, criminalité, insalubrité. Un paysage triste, qui fait peur et ne donne pas envie de s’y arrêter pour des vacances.
Et pourtant, nous y sommes, nous, une famille avec deux enfants. Nous y sommes bien sûr pour notre projet d’entraide avec l’orphelinat de Sœur Flora que nous irons visiter sous peu, mais l’arrêt est aussi une escale que nous entrevoyions magique et magnifique et qui fait rêver Catherine depuis fort longtemps.
… Et maintenant, nous y sommes.
Nous sommes à l’Ile à Vache, ce n’est pas tout à fait l’Haïti de la télé, ce n’est surtout pas Port-au-Prince, l’Ile à Vache est une autre Haïti : verte, généreuse, accueillante, paisible. Merveilleuse. C’est un paradis méconnu. Vous qui pensez partir en voilier un jour, prenez le temps d’envisager Haïti.
Oséo dans la Baie de Ferret
Nous sommes arrivés le 23 janvier au matin à l’Ile à Vache, mais avons d’abord longuement longé la côte haïtienne pour contourner l’île et atteindre le versant sud. Et déjà, la veille au soir, l’odeur des feux de charbon que nous sentions depuis Oséo nous disait que nous arrivions bel et bien ailleurs.
Nous avons été accueillis en grand par quelques six ou sept pirogues ou barques ou planches de surf cassés avec à bord chacun deux garçons (que des garçons, les filles ne vont pas sur l’eau elles, qu’on nous dit avec un large sourire. Une évidence quoi!).
– Bienvenue à Haïti!
– Bonjour, vous êtes Canadiens?
– Je m’appelle Castro
– Je suis Marc-Henri, vous avez des poubelles à jeter?
– Je peux nettoyer à coque pour vous, ou nettoyer le stainless, ou vous emmener à la plage ou à Madame Bernard, je suis Kiki, vous voulez un drapeau?
« Merci! Bonjour! Bonjour! Nous sommes heureux d’être arrivée à Haïti! Vous êtes très gentils! Nous allons d’abord nous ancrer d’accord? » « Oui, oui, d’accord! ». Et tous restent agrippés à Oséo tout le temps où nous parcourons la baie à sonder des fonds pour trouver notre lieu d’ancrage, à discuter et offrir leur service! C’était comme se déplacer avec plein de rémora après nous (vous savez, les poissons qui s’agrippent sur les requins)!
Et nous nous sommes ancrés, après ces 30 heures de navigation, ces deux nuits en mer et tous ces milles de fatigue dans le corps, et nous étions arrivés… un paradis. Une baie magnifique, une eau calme plate, une rive de cocotiers, un village paisible, un accueil nombreux, un peu intense mais gentil!
Chacun est venu nous voir à tour de rôle pour nous saluer et nous offrir leurs services. Nous avons pris le temps de reprendre notre souffle, nous ramasser un peu, déjeuner, admirer ce nouveau paysage si différents des Bahamas. Fini l’eau turquoise et la brise rafraichissante, ici ce sont les montagnes hautes et vertes et la chaleur tropicale sans vent et cette chaleur humide. Nous voilà dans les grandes Antilles, une nouvelle étape s’ouvre à nous et nous savons déjà qu’elle sera pour nous encore plus belle que les précédentes.
Après le déjeuner, nous allons à terre, à l’Hôtel Port Morgan tout à côté du village de Caille Coq, car là nous pouvons déposer nos documents et eux s’occupent de faire pour nous les procédures de douanes. L’endroit est magnifique et on nous traite bien vite comme des amis après que nous ayons mentionné que nous avions amassé pour Sœur Flora plus de 5000$! On constate rapidement que tout le monde connait Sœur Flora ici, et surtout que tout le monde aime profondément Sœur Flora qui sait faire avec 100$ beaucoup plus que ce 100$.
Ils s’occupent de nos papiers, nous admirons leur site…
Et nous irons souper le lendemain à leur restaurant pour célébrer l’anniversaire de nos hommes qui ont tous deux vieillis d’un an pendant cette navigation. Ronald le 20 janvier et Julien le 22!
Premer souper d’anniversaire : langouste au menus! C’est la revanche d’Oséo sur les langoustes! Mais maintenant, on ne se mouille plus, les pêcheurs viennent nous voir tous les jours avec leurs prises! Et plutôt que des 40$ payé aux Bahamas pour nos quatre langoustes, on en paie ici 15$ la première fois, la seconde, le pêcheur nous en laissera 6 pour 10$! (on n’en avait demandé que 4, il nous a fait cadeaux des autres, comme quoi il a certainement fait une bonne afffaire, et nous aussi franchement, nous sommes contents!)
Alors l’anniversaire de Julien maintenant! Quel anniversaire cette année pour ses neuf ans! D’abord en mer, en zone international s’il-vous-plait, le jour de sa fête! On lui offre un petit cadeau cette journée-là, mais lui promettons une fête digne de ce grand jour, avec gâteau et tout, plutôt à notre arrivée à Haïti.
Premier cadeaux en mer.
La fête se poursuit donc le lendemain le 23 avec un déjeuner aux crêpes et sirop d’érable du Québec! Il reçoit le reste de ses cadeaux : une carte du ciel des tropiques pour admirer les étoiles et identifier les constellations et un lego! C’est la grande joie!
Ensuite, baignade avec les nouveaux amis. On sort les kayak et tous s’amusent à essayer l’embarcation des autres!
Puis encore le lendemain, c’est encore la fête! Comme nous sommes le seul bateau de la baie avec à bord des enfants et que les enfants sont rares dans les bateaux de passage, les enfants du village passent nous voir à tour de rôle sur leur pirogue.
Avec les amis Marc-Henri, Wesley et Lele. Et en prime, des bananes!
On les invite à partager le gâteau d’anniversaire de Julien en après-midi, au village. On prépare donc le gâteau et, après l’école, nous rendons à terre, avec notre gâteau et des mini-muffins à partager.
Des dizaines de garçons nous attendent sur la berge. Ils nous conduisent à la plage de l’autre côté du village et, en route, nous essayons d’attraper quelques filles aussi qui, elles, ne vont pas sur les pirogues et ne jouent pas au foot. Les filles sont, elles, avec leur mère et travaillent à la lessive, l’eau, les repas, les petits… Mais le sourire sur leur visage lorsqu’elles quittent leur lessive pour nous accompagner à la plage à manger le gâteau! Nous nous retrouvons bien vite près d’une trentaine d’enfants en route à travers le village, sur la route de terre vers la plage, de l’autre côté de la colline. Ce sera donc de petites parts de gâteaux!
Quelle belle fête pour Julien, tellement heureux de partager son gâteau avec tous ses nouveaux amis, de découvrir leurs jeux! Eux, ce ne sont pas des châteaux de sables qu’ils font à la plage, ils creusent plutôt des trous pour s’enfoncer les jambes dedans et faire le pendule d’avant en arrière pour se fabriquer de beaux abdominaux! Et aussi se couvrir entièrement de sable, visage, yeux et bouche inclus!
Avec Bernadin, et avec Kiki.
Et on repart, retour sur Oséo, on se nettoie et on se rend à l’Hôtel Port Morgan pour finalement clore ces anniversaires! C’est beaux, amical, voir familiale.
Nous sommes une vingtaine à partager le buffet dont un groupe d’Asiatique de Toronto venue rejoindre leurs filles qui terminent tout juste un stage de six mois à Port-au-Prince. Quelle belle idée! Ils ne sont là que pour trois jours! C’est délicieux et, après le repas, les lumières s’éteignent en entier… panne d’électricité? Non, ils arrivent avec un immense gâteau juste pour nous! Pas une part, un gâteau entier! N’est-ce pas une attention tellement touchante!
Et comme si ce n’était pas assez, deux des invités de Toronto arrivent avec des ballons et prennent de nombreuses minutes à faire à Julien et Léa un joueur de baseball en ballon et une belle fleur! C’est au-delà de nos espérances, nous nous sentons choyés, Julien est tellement content de sa fête.
Alors voilà notre Haïti jusqu’à maintenant. C’est un coup de cœur profond et sensible. Pour nous et pour les enfants, Haïti ne rimera jamais avec saleté, misère et danger.
Coup de coeur partagé! Quel plaisir de vous lire à chaque semaine! Bonne fête à Ron et Julien : )
Wow, qu’elle belle histoire ! C’est bon d’entendre des choses aussi positives sur Haïti. Des souvenirs inoubliables, c’est certain.
Ce sont des larmes plein les yeux et le cœur rempli de bonheur que nous lisons ce récit magnifique et touchant sur vos premiers jours à Haïti! Nous nous disons que Julien et Léa sont vraiment chanceux et privilégiés de pouvoir vivre cette expérience de gentillesse et de camaraderie exceptionnelle. Julien tu vas surement dire que c’est ta plus belle fête à vie et tu auras cent fois raison . Jamais tu ne pourras revivre des moments plus humains et plus touchants que ceux-ci et quels souvenirs vous allez rapporter de ce beau pays qu’est Haïti. Nous sommes si contents que vous puissiez passer quelques semaines dans ce petit paradis entourés de gens si humains. Nous avons bien hâte de vous relire à nouveau ,car nous sommes déjà en amour avec ce peuple si accueillant si généreux et si cha-
leureux. Nous vous embrassons tous les quatre très fort et nous vous aimons de tout notre cœur!
maman et Normand
Quel beau voyage! Quelles belles rencontres émouvantes! Votre récit m’a beaucoup touché! Le contact avec les Haïtiens semblent si différent de celui avec les Bahamiens. Bon séjour! Et au plaisir de vous lire à nouveau.
Bonne Fête aux 2 hommes d’Oséo !!! Quels beaux anniversaires vous avez eu !
C’est super agréable de voir des images si belles d’Haïti !
Mathieu et Martine
Bonjour,
Je vous lis depuis quelques mois maintenant. Premièrement, merci d’entretenir ce blogue d’une qualité exceptionnelle. Ensuite, de nous faire découvrir de si beaux endroits et enfin de toujours le faire de façon constructive. J’ai habité Haitï pendant trois ans à la fin des années ’90 et suis allé à deux reprises à l’Iles à Vache. Évidemment, c’est très différent des images que nous renvoient les médias, même à Port-au-Prince. La chaleur du peuple haïtien, sa curiosité et sa détermination sont remarquables. Je vous souhaite d’apprendre quelques mots en créole et de concrétiser votre projet d’appui humanitaire. Bon vent!
Ghislain Parent
Salut Ron, je suis content de voir que tu “outsource” tes langoustes, quelle bonne idée !
ça l’air très beau l’ile à vache, tu t’ennuis pas trop du Québec ?
Nous avons le pire hiver de toute l’histoire de l’hiver….
Merci tout le monde pour ces beaux messages. Vos réponses me font très plaisir car Haiti et l’ile à Vache n’est pas une destination ordinaire. Elle mérite toute notre attention et notre appréciation à tous. Je souhaitais tellement vivre cet Haiti et également vous la faire partager, faire découvrir cet autre vissage. Alors merci à vous de nous lire et conservez ce souvenir des Haititiens. Bientôt, notre récit de notre visite à l’orphelinat.
Catherine