Voyez-vous, en République dominicaine, ils ont décidé de ne pas simplifier la vie des voyageurs en bateau! À chaque arrêt que nous faisons, il nous faut rencontrer les autorités, la Marina de Guerra, à notre arrivée et à notre départ. Eux, ils nous remettent un papier indiquant le nom de notre prochain arrêt et il n’est pas possible d’aller ailleurs qu’à cet endroit. Et là où il n’y a pas de poste de la Marina de Guerra, nous ne devrions normalement pas nous y rendre. Ce système coûte aux plaisanciers des propina (pourboire et/ou bouteille de rhum) et alourdit chaque arrêt, en plus de limiter notre liberté de mouvement. Mais bon, s’il en est ainsi, on s’y conforme! Et, comme nous nous débrouillons très bien en espagnol, tout s’est toujours bien passé pour nous et nous n’avons pas eu trop de propina à payer, contrairement à bien d’autres qui, ne comprenant rien à ce que leurs interlocuteurs leur disaient, ont dû payer, parfois bien cher!
Alors au moment de quitter Boca Chica, il nous fallait bien notre papier, mais surtout, nous avions besoin de notre Despacho, notre document de sortie international, car Boca Chica est pour nous le dernier endroit qui émet ce Despacho international. Et normalement, une fois que notre sortie du pays est faite, c’est-à-dire nos douanes, on doit quitter le pays tout-de-go. Les inspecteurs anti-drogue sont d’ailleurs passé tout juste avant que nous larguions les amarres avec leur chien renifleur pour s’assurer que nous étions “clean”. Nous l’étions! Le problème, c’est que Boca Chica est à plus de 60 miles de la fin du pays, soit une très grosse journée de navigation. Et qu’après, Puerto Rico est encore à plus de 120 miles… Nous avons donc demandé une permission spéciale, tartinant allègrement sur le fait que nous avons de jeunes enfants à bord et qu’ils trouvent bien difficiles les nuits de navigation, afin de pouvoir s’arrêter en chemin sur l’île de Catalina. Nous avions bien envie de s’y arrêter car, d’après notre guide, on y disait que c’était un arrêt pour les bateaux de croisière, qu’au débarquement de la manne de touristes, c’était comme Time Square at New Year et que le mouillage était un peu rouleur. Bon, on ne tenait pas trop au côté rouleur, mais l’attrait de se mêler à un troupeau de touriste, d’espérer profiter des installations qui doivent être pas mal et, pourquoi pas, peut-être aussi casser la croûte des croisiéristes, ça nous semblait bien excitant!
Nous naviguons donc péniblement comme toujours avec les vagues en plein dans le nez, mais au moins nous sommes près de la côte et on peut se divertir à regarder au loin des méga-complexes de tout inclus.
Nous arrivons au bout de 41 miles et 8 heures de navigation à Isla Catalina. Déjà, de loin, on pense apercevoir au moins un million de chaise sur la plage! Ça promet! Un autre bateau est ancré et il roule. Ça promet… Effectivement, il y a à peu près un million de chaise sur la plage, et ça roule! Mais aucun touriste en vue.
Il est tard, alors on planifie un passage à terre le lendemain en matiné. On roule toute la nuit et sommes épuisé au matin. Mais nous n’avons même pas le temps de se dire à quelle point la nuit fut terrible que déjà on nous crie de l’extérieur. Vite, on se lève, une barque nous dit qu’il faut se pousser de là, que le bateau va passer! Ah! Le voilà! En fait, on ne pensait pas que ça allait être de si gros bateau de croisière, on pensait plutôt à plein de petits bateaux des tout-inclus avoisinnant. Mais non, c’est un vrai bateau de croisière que nous avons derrière nous et qui souhaite prendre notre place!
On démarre vite le moteur et on se pousse de là. Mais, malheureusement pour nos beaux plans pour la matinée, on ne pourra pas s’ancrer ailleurs pour aller se dissimuler parmi la foule car le fond est partout ailleurs que là où nous sommes de corail très dur, l’ancre ne prend pas du tout. Bouh. On manque la fiesta. Et on part l’estomac vide en direction de Isla Saona, notre prochain arrêt.
Belle navigation pour commencer en tirant un long bord à plus de 7 noeuds puis le vent se lève drôlement pour atteindre plus de 25 nœuds, toutes voiles dehors, ça travaille! Mais on arrive rapidement et l’endroit est magnifique. Une eau digne des Bahamas, turquoise sur fond de sable. C’est splendide.
C’est d’ailleurs une destination des excursions des Tout-inclus et des dizaines de dizaines de voiliers, catamarans, bateaux moteurs défilent tous les avant-midis pour repartir tous les soirs avec tous leurs vacanciers prêts à fêter aux rythme de la merengue-salsa et des grands verres de rhum!
Nous, nous nous installons un peu à l’écart, bien tranquille dans notre grande piscine. Nous en profiterons pour nous reposer de notre mauvaise nuit, prendre des forces avant la prochaine grande navigation vers Puerto Rico et, aussi, profiter de la plage et de cette belle eau qui nous entoure!
La plage, juste pour nous…
Et cet endroit où on reçoit sans doute, certains jours, les touristes, juste pour nous aussi!
Dolce farniente
Pendant que les enfants s’amusent à jouer aux petits singes
Notre copain le chien gardien de la plage. Il nous a laissé passé en échange de quelques gratouilles du bedon!
Apéro sur le bateau
Et dernier coucher de soleil sur la République dominicaine
Et, la fenêtre météo est là, alors il est temps de partir. Elle ne nous tente pas du tout cette navigation vers Puerto Rico. 120 miles. Maintenant, on sait ce que c’est. On sait que même si la météo dit que c’est un bon moment, ça va quand même être très long et fort probablement très désagréable. C’est long 24 heures en mer! Nous, on trouve ça long, et plate. Il y en a qui se trouve bien en mer, à admirer l’immensité, la beauté de la mer, sa puissance, le soleil qui miroite sur l’eau, les oiseaux qui… BEEEEEEPPPPPP!!! Nous, ON TROUVE ÇA LONG! On ne fait rien car on n’ose plus rien faire de peur de se fatiguer, on ménage nos forces, on est en mode « économie d’énergie » ce qui signifie qu’on se couche sur la banquette et on attend que le temps et les miles s’écoulent. Comme nous sommes aussi souvent à la limite de se sentir croche, la position horizontale est toujours la meilleure. On n’ose pas trop boire non plus car on sait qu’on devra aller faire pipi et qu’en bas ça donne mal au cœur. Même Julien s’est conformé à cette stratégie car même lui commence à ressentir les effets de la mer!
Alors, bien que les conditions de notre traversée du Mona Passage vers Puerto Rico ait été excellente, vent faible de 13 nœuds de l’Est, vagues raisonnables de 3 à 6 pieds pour commencer qui se sont finalement estompées passablement, mais évidemment toujours dans le nez, nous sommes plus qu’heureux que ce fameux passage soit désormais DERRIÈRE NOUS!!! Yéhhh!!!! C’est fait!!! C’était notre dernière si grande navigation! 24 heures exactement que nous aurons mis, 125 miles. Départ à 9h30, mardi 25 février de Isla Saona République dominicaine, arrivée à 9h30, mercredi le 26 février à La Parguera, Puerto Rico! Bravo à nous encore une fois!
Puerto Rico au petit matin tel qu’il se montre à nous depuis le cokpit, succession de collines.
Ici, nous ne pouvons aller à terre car il n’y a pas de bureau de douanes à La Parguera. Il faudra attendre Ponce. C’est pourquoi nous ne resterons qu’une journée. Ronald reprendra sa nuit sans sommeil pendant la journée, Catherine et les enfants reprendront un peu du grand retard que nous accumulons sur l’école à cause de toutes ces navigations, et nous immortaliserons le paysage dans notre initiation à l’aquarelle. Un peu d’art plastique, c’est bon dans le cursus scolaire et ça occupe les enfants pendant la sieste de papa!
Paysage d’inspiration:
Et puis c’est un re-départ, à 4h00 dès la nuit suivante. Nous souhaitons tirer profit des vents plus faible de la nuit pour faire les 25 miles qui nous séparent de Ponce. Pari gagné, la navigation sera dès plus calme et nous arriverons à destination à 9h20 ce matin du 27 février.
Et là, une pause. Ponce semble une ville magnifique, pleine de beauté architecturale, de visite à faire, de magasins où refaire le plein! Ouf, tout ça nous fera le plus grand bien!