Il règne dans les rues de St-Pierre une atmosphère spéciale. Une ville empreinte de son passé, d’une atmosphère lumineuse du soleil sur ses murs ocres défraichis. Elle vit dans un décor majestueux des vertes vallées de canne à sucre au pied de sa majestueuse montagne Pelée, cette montagne qui, le 8 mai 1902, a craché sa fureur et tuée ses 28 000 habitants…
St-Pierre est empreinte de cette tragédie. Du jour où le volcan s’est éveillé. Pour cette raison, elle fascine. Nous n’y étions que passé la dernière fois. Cette fois-ci, nous avons exploré St-Pierre et sa région, la petite ville, son volcan, ses rhumeries et nous nous sommes laissé envoutés par son décor et le volcan.
St-Pierre est tout au Nord de la Martinique. Nous nous y rendons d’abord en voiture, depuis le Marin. Ça nous permet de parcourir l’île du Sud au Nord. On découvre ainsi la plaie du trafic infernal de Fort-de-France. Des bouchons de circulation comme à Montréal, on nous avait prévenus. Mais on y fait aussi de très belles découvertes. On s’arrête d’abord à Balata pour admirer son église, une réplique en miniature (1/5) de la basilique du Sacré-Cœur de Paris.
On poursuit par la Route de la Trace qui traverse la Martinique en son centre, traversant ses plus hauts Pitons et sa forêt tropicale. Malheureusement pour la Route de la Trace, nous commençons à avoir vu pas mal de forêt tropicale et de pitons, si bien qu’on est moins impressionné! Reste que le décor est encore magnifique, mais moins impressionnant que la Dominique ou encore la Guadeloupe.
Églises et villages sur la route : Morne-Rouge, Le Prêcheur et son monument commémorant la révolte des esclaves de 1848…
Les rhumeries de la Martinique sont réputées pour être parmi les plus belles, les mieux restaurées et entretenues, les plus authentiques. Nous nous dirigeons donc vers la distillerie De Paz située au pied de la montagne Pelée. De Paz fait partie des doyennes parmi les rhumeries. Elle a été fondée en 1651 par la famille De Paz. L’éruption de la montagne Pelée de 1902 détruisit entièrement la distillerie et décima toute la famille. Le seul survivant fut Victor De Paz qui terminait alors ses études à Bordeaux et qui reconstruisit ensuite le domaine. Le site est aujourd’hui superbe. Le décor de canne à sucre, la montagne, les installations, le charme des vielles années, bref, une visite qui nous a tous charmé, tant parents que enfants.
Direction ensuite Anse Couleuvre pour y pique-niquer puis se rendre à sa cascade que nous a chaudement recommandé nos copains de Grégal. Mais la pluie qui allait et venait a plutôt décidé de s’installer, si bien qu’après un pique-nique dans la voiture à l’Anse Céron, on rebrousse chemin et allons plutôt au Centre de Découverte des Sciences et de la Terre.
Pique-nique à l’Anse Céron, parée du sable noir des îles volcaniques.
Le Centre de Découverte des Sciences et de la Terre, construction parasismique au pied du volcan. Le genre de visite scientifique qui fait plaisir à notre Julien!
On apprend tout sur l’éruption de la montagne Pelée de 1902 et sur les volcans. On y voit des photos d’archive, on y regarde un film traitant à la fois de Pelée et des volcans des Antilles qui nous plait beaucoup puisque nous revoyons et comprenons mieux tous ces volcans et ces lieux que nous avons vus déjà : Dominique, Guadeloupe, St-Vincent, Montsérat avec son volcan toujours en activités qui oblige l’exclusion de toute la partie sud de l’île, sans oublier Kick’m Jenny, le volcan sous-marin de Grenade, le volcan le plus actif des petites Antilles qui devrait donner à Grenade une nouvelle île d’ici une dizaine d’années! On apprend aussi pourquoi certaines îles des Antilles sont plates comme une galette alors que d’autres sont de vrais massifs de montagnes. C’est que, bien que toutes les îles résultent d’une activité volcanique, les îles plus à l’Est telle Antigua, Barbuda, l’Est de la Guadeloupe (Grande-Terre), Marie-Galante, etc. sont beaucoup plus anciennes et le temps a totalement érodé les massifs volcaniques. Alors que les îles de l’Ouest comme la Martinique, la Dominique, Basse-Terre en Guadeloupe, Grenade, St-Kitts, Nevis, Saba, etc. sont beaucoup plus récentes.
Une salle touchante est dédiée à la tragédie sous-marine qu’a également provoqué l’irruption du volcan. Tous les bateaux de la baie, à l’exception d’un seul, ont périt, brûlé et coulé, lors de la nuée ardente qui déboula, en une minute à peine, à une vitesse de 300 à 500 km/h, du cratère jusqu’à la mer. Des peintures magnifiques témoignent de la tragédie.
Prochain arrêt : les Jardins du Carbet. On cherche l’endroit qui devrait être juste après St-Pierre, entre celle-ci et le Carbet. Mais on ne trouve pas, qu’un jardin aux papillons et un zoo. On s’informe et on apprend que le jardin a été transformé en zoo. Bouhhh, que faire. On n’a pas le temps de se rendre à son jardin-sœur, les Jardins de Balata, créé par le même créateur. On nous dit que les jardins y sont toujours, dans son même décor romantique des ruines de l’Habitation Latouche (l’habitation sans doute la plus ancienne de la Martinique, fondée en 1643, qui fut au fils des temps sucrerie, rhumerie, fabrique de tabac, d’indigo, de manioc et de cacao. Finalement dévastée par la Pelée en 1902…), avec les animaux en plus. Je veux bien croire, mais reste qu’un jardin et un zoo, ça n’a pas la même ambiance. Toujours est-il qu’on y va. Les enfants sont super contents, maman y va un peu à reculons et papa trouve que 15 Euros par adulte, c’est bien cher pour un zoo-jardin, mais on y va!
Les enclos des quelques animaux sont installés au cœur des ruines et des jardins. Les passerelles dénaturent l’ambiance des jardins, mais reste que la visite nous amuse ; le zoo étant tout récent, les animaux, particulièrement les singes et les ratons laveurs, sont tout excités à notre approche (Il faut dire que nous sommes les seuls visiteurs du moment!). Les singes se précipitent à notre rencontre dès notre arrivée et font toutes les singeries possibles pour attirer notre attention! Ils sont vraiment très drôles!
Même le guépar et les pumas sont en action, ils se rivalisent d’un enclos à l’autre!
Nous rentrons au Marin à la nuit tombée et nous levons dès 6h00 le lendemain matin pour retourner à St-Pierre, mais cette fois-ci, en bateau! La ballade est beaucoup plus agréable qu’en voiture. Pas de circulation, pas de stress, on navigue au portant jusqu’au fameux Cap Diamant (celui qui nous avait pris plus d’une heure à contourner à l’aller contre vents et courants, on le passe cette fois-ci en moins de deux!) puis on change d’amure et filons vent et courant pour nous si bien qu’on file à atteindre notre vitesse record de 9,9 nœuds !!!! Et devant les Anses d’Arlet sur notre bâbord, nous voyons un grand banc de dauphin qui semble se nourrir au loin. Ça sautille et ça frétille! On les appelle par tous les cris de dauphins de notre cru possibles et une dizaine viennent nous rejoindre et nagent autour de nous! Et pour finir, un souffle de baleine au loin. N’est-ce pas magnifique la vie sur l’eau?
Nous atteignons St-Pierrre à 14h00 et s’ancrons dans les eaux noires de son fond de sable volcanique, mais d’une clarté absolue. Des étoiles de mer parsèment le fond tout autour d’Oséo, le volcan domine.
St-Pierre à la lumière du soleil couchant…
La vue sur St-Pierre est toujours aussi belle. Vite, nous allons à terre, nous n’avons que l’après-midi pour parcourir ses rues et voir les émouvantes ruines.
L’ancien théâtre et la prison de Cyparis, un des deux uniques survivants de l’éruption, protégé par les épais mur de son cachot.
L’émouvante statue d’une femme nue qui semble émerger de la pierre. Elle veut symbolyser la ville de St-Pierre, démonie au lendemain de la catastrophe, mais farouchement déterminée à se relever de ses cendres.
L’église du Fort…
Et c’est un dodo tôt car le lendemain, c’est navigation jusqu’en Dominique. Il nous faut profiter de la fenêtre pour se rendre en Guadeloupe. D’abord une traversée d’une cinquantaine de miles vers la Dominique, dodo, puis on repart le lendemain pour la Guadeloupe.
Dernier regard sur notre belle Montagne et la Martinique.
Et nous avons droit à une navigation paisible…
Au moment où je rédige ces lignes, je suis sous le vent de la Dominique, toujours aussi belle, dans mon cockpit. Dominique que nous ne ferons que passer. Nous ne regrettons pas d’avoir quitté plus précipitamment que désiré la Martinique pour profiter de cette accalmie du temps, nous avons eu un autre canal des plus calmes à naviguer paisiblement sur une mer à peine agitée. La veille, on nous disait des vagues de 3,5 à 4,5 mètres, aïe!!!
On voit Grégal, qui nous dépasse malgré l’heure d’avance que nous avions sur eux! Et Catherine qui vous écrit de son cockpit, sous le vent de la Dominique. Photo-montage tout de bleu de mer!
Finalement, nous jettons l’ancre dans la baie de Portsmouth en Dominique sous le seul grain de la journée. On retrouve l’ambiance rasta le temps d’une soirée, les boyboats toujours aussi sympatiques. Puis on se retrouve, avec Grégal, sur le petit bar de la plage pour un dernier verre, en l’honneur de cette superbe navigation, de cette magnifique île, et également de notre dernière soirée avec Grégal… À moins qu’on ne se recroise aux Bahamas ou en République dominicaine, on ne sait jamais! Au revoir Carole, Jean-Lo et Raphaël xxx.